22 Oct 2022

Conduite d'une Normal Mass

La Normal Mass est une ruche originaire d’Allemagne. Dans notre pays, elle est très utilisée à l’Est du pays et dans une partie de la Province de Liège. La culture germanophone a contribué à son expansion, mais pas seulement. Un célèbre apiculteur, Henri Renson, aujourd’hui décédé a travaillé plusieurs dizaines d’années uniquement avec ce modèle qu’il chérissait pour ses carnica.

Notons encore que Jean-Pol Demonceau, non moins connu, a géré jusqu’à plus d’une centaine de ruches de ce modèle en carnica et Buckfast avec le succès qu’on lui connait (transhumance, élevage de reines, production d’essaims). Aujourd’hui encore, il s’en félicite car, l’âge aidant, la légèreté des cadres lui permet de poursuivre l’apiculture, ce qu’il ne pourrait faire avec des Dadant.

La ruche des miellées compliquées

L’avantage principal de la Normal Mass, c’est le petit cadre léger. Ce modèle est parfait pour la Carnica. Cependant, j’en conduis une quinzaine en Buckfast avec succès. La surface du cadre, plus petite qu’en Dadant, est partiellement compensée par un 11ème cadre. Au pic du développement de la colonie, le couvain peut occuper jusqu’à toute la surface de 9 à 10 cadres, de latte à latte. Tout le miel passe alors dans la hausse! Cela fait de la Normal Mass la ruche des miellées difficiles. En effet, il faut parfois du temps pour qu’une colonie occupe le volume d’une ruche Dadant au printemps et monte dans la hausse. Aussi, une partie du miel restera dans le corps. Avec la Normal Mass, les abeilles montent plus vite dans la hausse. Qui dit avantage, dit aussi inconvénient. Si la météo est trop longtemps défavorable, les réserves du corps peuvent rapidement tomber à zéro. Il est alors pratique de conserver les cadres de réserves surnuméraires que l’on a retiré au printemps, pour les replacer dans le corps. Cela reste toutefois exceptionnel.

Beebox a opté pour le modèle en polystyrène. Un vrai petit thermo qui permettra un développement rapide au printemps, tout en alliant la légèreté maximale pour l’apiculteur.trice. 

Une conduite originale

Parlons maintenant de la conduite qui peut vraiment être originale. Le cadre de corps est proche de la WBC qui est une divisible. Ici, notre Normal Mass se décline en un corps, une hausse 2/3 et une hausse ½ (par rapport au corps). Vous voulez éviter de courir derrière les essaims et ne pas perdre d’abeilles ?

Voici la solution :

La hausse inférieure (1/2) sert de hausse dite de plancher. La reine est emprisonnée dans le corps, entre deux grilles à reine. Si on rate une cellule royale, la reine ne sait pas essaimer. Au pire, on retrouvera la reine morte sur la grille car les abeilles essaieront de la pousser vers l’extérieur. Mais au moins, la colonie garde toute sa capacité de production. Il suffit de conserver une seule cellule royale et de retirer la grille à reine inférieure pour que la jeune reine puisse se faire féconder.

Attention, il est capital de visiter chaque semaine la colonie avec cette méthode. En effet, les faux-bourdons ne pourront s’échapper que lors des visites. Si non, ils mourront sur la grille à reine et finiront par empêcher le passage des abeilles. Et que feront les abeilles dans la hausse de plancher ? Elles n’y stockeront que du pollen. Le miel passera directement dans les hausses au-dessus du corps. La grille à reine sur la hausse de plancher est installée lors de la visite de printemps et retirée fin juin, une fois les fièvres d’essaimage terminée.

Comme toujours, toutes les variantes existent. Je me dis qu’en cas d’une courte miellée comme le robinier faux-acacia lors d’une météo peu favorable, une ½ hausse pourrait sauver la mise.

Didier Brick © 2022

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